"Le mal banalisé qui nous DECHIRE LE VENTRE, la dure réalité de l'endométriose" Julie Landry
Thromb Haemost. 2025 Apr;125(4):385-394. doi: 10.1055/a-2407-9498. Epub 2024 Sep 2. PMID: 39222924; PMCID: PMC11961227.
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11961227/
Article libre d'accès
Objectif
Étudier l'effet de l'endométriose sur la thromboembolie veineuse (TEV) chez les utilisatrices de contraceptifs oraux (CO). Analyse groupée sur un ensemble de données harmonisées comprenant des études de cohorte internationales centrées sur les patientes : INAS-VIPOS, INAS-SCORE et INAS-FOCUS. Onze pays européens, les États-Unis et le Canada. Personnes nouvellement prescrites pour un CO, avec ou sans endométriose et sans antécédents de TEV.
Méthodes

Sélection de la population étudiée pour l’analyse groupée.
Des informations détaillées ont été recueillies à l'aide de questionnaires auto-administrés au départ, puis tous les 6 à 12 mois. Les thromboses veineuses auto-déclarées ont été validées médicalement et examinées par un comité d'évaluation indépendant. Les taux d'incidence (TI) ont été calculés pour 10 000 années-femmes. L'association entre l'endométriose et les thromboses veineuses a été déterminée par une analyse du temps jusqu'à l'événement, en calculant les rapports de risque (RR) bruts et ajustés avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %, en utilisant la pondération inverse de la probabilité de traitement (IPTW) stabilisée.
Résultats
Au total, 22 072 femmes ont reçu un diagnostic d'endométriose, et 91 056 femmes n'en ont pas reçu.
Les femmes atteintes d'endométriose ont représenté 78 751 années-femmes au cours desquelles 41 événements thromboemboliques veineux (IR : 5,2/10 000, IC à 95 % : 3,7–7,1) sont survenus, contre 127 thromboemboliques veineux (TEV) sur 310 501 années-femmes chez les femmes sans endométriose (IR : 4,1/10 000, IC à 95 % : 3,4–4,9). Le rapport de risque de thromboembolique veineux (TEV) chez les femmes atteintes d'endométriose était de 1,79 (IC à 95 % : 1,24–2,57) en utilisant un TPI stabilisé contrôlant l'âge, l'indice de masse corporelle, le tabagisme, le niveau d'éducation, l'âge à la ménarche et les antécédents familiaux de thromboembolique veineux. Les analyses de sous-groupes et de sensibilité ont montré des résultats similaires.HR brut et pondéré par l'IPT avec IC à 95 % — échantillon complet, nouveaux utilisateurs et utilisateurs précédents. IC, intervalle de confiance ; HR, rapport de risque ; IPT, probabilité inverse de traitement.
Conclusion
Ces résultats soulignent l’importance de considérer l’endométriose comme un facteur potentiel contribuant à la thromboembolie veineuse (TEV) chez les femmes utilisant des CO ; cependant, des recherches supplémentaires sur la relation entre l’endométriose et la TEV sont nécessaires.

Que sait-on sur ce sujet ?
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L’endométriose a été décrite comme un facteur de risque de plusieurs maladies cardiovasculaires telles que les accidents vasculaires cérébraux, l’hypertension, les maladies coronariennes et ischémiques.
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Des études génétiques suggèrent des facteurs génétiques potentiellement partagés entre l’endométriose et les maladies cardiovasculaires, pointant vers des voies biologiques sous-jacentes qui pourraient relier ces deux affections.
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Les données actuelles sur l’endométriose et la thromboembolie veineuse sont limitées et reposent sur des études portant sur des échantillons de petite taille.
Qu'apporte ce document ?
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Une analyse groupée à grande échelle révèle des taux élevés de thromboembolie veineuse chez les patientes atteintes d'endométriose utilisant des contraceptifs oraux.
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L’endométriose apparaît comme un facteur de risque de développement de la thromboembolie veineuse.
Traitement médical de l'endométriose en 2025 : rationnel, indications et controverses
Les nouveautés thérapeutiques pour la prise en charge de l’endométriose montrent que l’on discute actuellement en 1re intention l’utilisation des progestatifs de type DNG en raison de leur bonne tolérance, d’une efficacité au moins similaire à celle de la CHP dans le traitement des douleurs associées à l’endométriose. Les données actuelles mettent en évidence leur efficacité dans le temps sur la douleur et la récidive de la pathologie. Les systèmes intra-utérins au lévonorgestrel peuvent continuer à être utilisés en 1re intention, en ciblant plus précisément les femmes présentant une adénomyose associée à l’endométriose.
Les agonistes de la GnRH restent un traitement majeur de 2e intention chez les femmes douloureuses ou avant une AMP, dans certaines indications au long cours avec add-back therapy débutée dès la fin du flare-up.
Les antagonistes par voie orale devraient être rapidement sur le marché en France, avec une efficacité au moins similaire à celle des agonistes. Leur administration par voie orale et leur action rapide sans flare-up vont représenter une nouvelle prise en charge thérapeutique.
https://www.gyneco-online.com/node/3125Risques de méningiomes et progestatifs : impact sur la prise en charge de l’endométriose/2024
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-05002981v1/file/Th%C3%A8se%20JEANDEAU%20Marie%2029%20mai%202024.pdf
CST Contraception orale et risque de méningiome Séance du 18 décembre 2024
Générales
- En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, un traitement progestatif ne doit pas être utilisé,
- Pour toute nouvelle prescription ou switch entre progestatifs, vérifier les antécédents d’exposition aux progestatifs et leurs durées d’utilisation ; réaliser une IRM si besoin selon les recommandations d’octobre 2023 - Une IRM cérébrale sera réalisée en cas de signes cliniques neurologiques évocateurs d’un méningiome (maux de tête, troubles de la vision, du langage, de la mémoire et de l’audition, nausées, vertiges, convulsions, perte de l’odorat, faiblesse ou paralysie) ;
- Chez une femme, la contraception doit être revue annuellement au regard de son âge, de son mode de vie et de ses antécédents ; Spécifiques au désogestrel
- En cas de découverte d’un méningiome, le désogestrel sera définitivement arrêté et un avis médical et neurochirurgical sera requis ;
- Le désogestrel a une AMM en contraception et ne doit pas être utilisé comme traitement hormonal de la ménopause ;
- Les femmes ne doivent pas arrêter leur contraception par désogestrel 75 µg sans avis médical compte tenu du risque de grossesse non désirée. Avis du CST sur les autres questions abordées en séance :
Risque applicable au contraceptif désogestrel 150 µg associé à l’éthinylestradiol (Desobel, Mercilon, Varnoline, génériques des laboratoires Biogaran, Cristers, EG labo, Viatris)
- Ce contraceptif combiné est dosé à 150 µg de désogestrel, soit le double par rapport au progestatif étudié dans l’étude. Il est donc hautement probable qu’il existe un sur risque de méningiome avec ce contraceptif combiné. Ce risque s’appliquerait d’autant plus chez des femmes exposées sur une longue durée (plusieurs années).
- Par mesure de précaution, les recommandations proposées pour le désogestrel 75 µg doivent d’appliquer aux pilules combinées à base de désogestrel 150 µg.
Risque applicable à l’implant contraceptif à l’étonogestrel (Nexplanon)
- L’étonogestrel est le métabolite actif du désogestrel, il est probable, au plan pharmacologique, que le risque de méningiome observé avec la pilule orale
https://ansm.sante.fr/uploads/2025/03/20/20241218-cr-cst-meningiome-2.pdf
PERPLEXITY /IA
L'endométriose est associée à un risque accru de maladies thrombo-emboliques veineuses (MTEV) chez les femmes sous contraceptifs progestatifs en raison de plusieurs mécanismes interdépendants liés à la pathologie elle-même et à ses interactions avec les traitements hormonaux.
1. Inflammation chronique et dysfonction endothéliale
L'endométriose génère une inflammation systémique persistante, avec élévation de marqueurs pro-inflammatoires (comme l'IL-6 et le TNF-α) et stress oxydatif.
Ces facteurs altèrent la fonction endothéliale, favorisant l'athérosclérose prématurée et une hypercoagulabilité sanguine
L'inflammation chronique perturbe également l'équilibre entre facteurs procoagulants et anticoagulants, augmentant le risque de thrombose.
2. Impact des progestatifs sur la coagulation
Bien que les contraceptifs progestatifs purs (sans œstrogènes) présentent un risque thromboembolique globalement faible comparé aux pilules combinées6, certaines études suggèrent qu’ils pourraient moduler l’expression de facteurs de coagulation (comme le fibrinogène) ou interagir avec des récepteurs minéralocorticoïdes, influençant indirectement l’homéostasie vasculaire8. Ce risque reste néanmoins bien inférieur à celui des contraceptifs combinés6.
3. Synergie entre endométriose et facteurs de risque vasculaires
Les femmes atteintes d'endométriose ont souvent un profil à risque cardiovasculaire accru :
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Hyperlipidémie : augmentation des LDL pro-athérogènes
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Hypertension artérielle (HR=1,12).
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Arythmies cardiaques (HR=1,26).
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Ces comorbidités, combinées à l’inflammation, créent un terrain propice aux MTEV, même avec des progestatifs seuls
4. Contexte clinique global
L’endométriose entraîne souvent des douleurs chroniques réduisant l’activité physique, un facteur aggravant le risque thrombotique. De plus, les interventions chirurgicales répétées pour traiter la maladie exposent à des périodes d’immobilisation postopératoire, augmentant temporairement le risque.
En pratique, bien que les progestatifs purs soient généralement recommandés pour les femmes à risque thrombotique, l’endométriose elle-même nécessite une vigilance accouche en raison de son impact systémique sur la santé vasculaire. Une évaluation individualisée des facteurs de risque (antécédents familiaux, tabagisme, sédentarité) reste essentielle avant toute prescription
Commentaire
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Test salivaire permettant de caractériser l’expression de multiples biomarqueurs dans le cadre du diagnostic de l’endométriose, Endotest® n’entre pas dans la catégorie des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). Si le prélèvement est susceptible d’être réalisé directement par la patiente, il s’agit d’un examen de biologie médicale complexe puisqu’il implique la réalisation d’un séquençage haut débit et l’utilisation d’un algorithme conçu par intelligence artificielle au sein d’un laboratoire de biologie médicale spécialisé.
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