EP : obstruction résiduelle

"Le bon médecin traite la maladie; le grand médecin traite le patient qui a la maladie." William Osler

"La supériorité de la science moderne consiste en ce que chacun de ses progrès est un degré de plus dans l'ordre des abstractions. Nous faisons la chimie de la chimie, l'algèbre de l'algèbre ; nous nous éloignons de la nature, à force de la sonder. Cela est bien ; il faut continuer : la vie est au bout de cette dissection à outrance." Ernest Renan
 
Robin P, Le Pennec R, Eddy M, Sikora L, Le Roux PY, Carrier M, Couturaud F, Tromeur C, Planquette B, Sanchez O, Pesavento R, Filippi L, Rodger MA, Kovacs MJ, Mallick R, Salaun PY, Le Gal G. Residual pulmonary vascular obstruction and recurrence after acute pulmonary embolism: a systematic review and meta-analysis of individual participant data. J Thromb Haemost. 2023 Feb 3:S1538-7836(23)00084-3. doi: 10.1016/j.jtha.2023.01.030. Epub ahead of print. PMID: 36740040.
Obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle et récidive après une embolie pulmonaire aiguë : une revue systématique et une méta-analyse des données individuelles des participants
https://www.jthjournal.org/article/S1538-7836(23)00084-3/fulltext
Article libre d'accés
 
Résumé
 
Notre objectif était d'évaluer la relation entre l'obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle (RPVO) sur une scintigraphie pulmonaire plane après la fin d'au moins 3 mois de traitement anticoagulant pour l'embolie pulmonaire aiguë (EP) et le risque de thromboembolie veineuse récurrente M(TEV) ou de décès dû à l'EP. un an après l'arrêt du traitement.

La revue systématique a été enregistrée auprès du Registre prospectif international des revues systématiques (PROSPERO : CRD42017081080).

Le critère de jugement principal était de générer une estimation groupée du taux de récidive de MTEV à un an chez les patients atteints de RPVO diagnostiqués sur une scintigraphie pulmonaire VP planiare après l'arrêt d'au moins 3 mois de traitement anticoagulant pour une EP aiguë.
Des données individuelles ont été obtenues pour 809 patients. RPVO (c'est-à-dire, obstruction> 0%) a été trouvé chez 407 patients (50,3%) après une médiane de 6. 6 mois d'anticoagulothérapie pour une première EP aiguë. Une récidive de TEV ou de décès par EP est survenue chez 114 patients (14,1 %), pour un risque annuel de 6,4 % (intervalle de confiance à 95 %, 4,7 %-8,6 %). Sur les 114 événements récurrents, 63 sont survenus dans l'année suivant l'arrêt du traitement anticoagulant correspondant à un risque de 8,1% (6,4%-9,8%) à 1 an. Le risque de récidive de TEV à un an était de 5,8 % (4,4-7,2) chez les participants avec RPVO < 5 %, contre 11,7 % (9,5-13,8) chez les participants avec RPVO ≥ 5 %. Le RPVO est un prédicteur significatif du risque de thromboembolie veineuse récurrente. Cependant, le risque d'événements récurrents reste trop élevé chez les patients sans défaut de perfusion résiduel pour qu'il soit utilisé comme test autonome pour décider de l'arrêt de l'anticoagulation. pour un risque annuel de 6,4 % (intervalle de confiance à 95 %, 4,7 %-8,6 %). Sur les 114 événements récurrents, 63 sont survenus dans l'année suivant l'arrêt du traitement anticoagulant correspondant à un risque de 8,1% (6,4%-9,8%) à 1 an. Le risque de récidive de TEV à un an était de 5,8 % (4,4-7,2) chez les participants avec RPVO < 5 %, contre 11,7 % (9,5-13,8) chez les participants avec RPVO ≥ 5 %.


RAPPEL OBSTRUCTION RESIDUELLE PULMONAIRE SCINTIGRAPHIE PLANAIRE
scintplaniare



https://www.mednuc.net/wp-content/uploads/2019/12/6-Obstruction-vasculaire-r%C3%A9siduelle-apr%C3%A8s-une-EP-v2.pdf
scinipla2



https://www.mednuc.net/wp-content/uploads/2019/12/6-Obstruction-vasculaire-r%C3%A9siduelle-apr%C3%A8s-une-EP-v2.pdf

Le RPVO est un prédicteur significatif du risque de thromboembolie veineuse récurrente.

Cependant, le risque d'événements récurrents reste trop élevé chez les patients sans défaut de perfusion résiduel pour qu'il soit utilisé comme test autonome pour décider de l'arrêt de l'anticoagulation. pour un risque annuel de 6,4 % (intervalle de confiance à 95 %, 4,7 %-8,6 %).

Sur les 114 événements récurrents, 63 sont survenus dans l'année suivant l'arrêt du traitement anticoagulant correspondant à un risque de 8,1% (6,4%-9,8%) à 1 an. Le risque de récidive de MTEV à un an était de 5,8 % (4,4-7,2) chez les participants avec RPVO < 5 %, contre 11,7 % (9,5-13,8) chez les participants avec RPVO ≥ 5 %.

LEGA3

Essentiel

  • La signification pronostique exacte d'un thrombus persistant dans l'artère pulmonaire chez les patients traités pour une première embolie pulmonaire, appelée obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle (RPVO), reste incertaine.

  • L'objectif de cette méta-analyse des données individuelles des participants (IPDMA) était d'évaluer l'association entre le RPVO et la thromboembolie veineuse récurrente (MTEV) chez les patients présentant une première embolie pulmonaire aiguë qui ont interrompu le traitement anticoagulant après un traitement initial de ≥ 3 mois .

  • Dans cette IPDMA qui comprenait 809 participants, nous avons constaté que les patients avec un RPVO ≥ 5 % à la scintigraphie pulmonaire plane après un traitement anticoagulant présentaient un risque deux fois plus élevé de MTEV récurrent que les patients avec un RPVO < 5 % (5,8 % contre 11,7 % à 1 année).

  • Le RPVO est un prédicteur significatif du risque d'événements récurrents. Cependant, le risque d'événements récurrents reste trop élevé chez les patients sans défaut de perfusion résiduel pour qu'il soit utilisé comme test autonome pour décider de l'arrêt de l'anticoagulation.

    LEGA1LEGA2
Les points à souligner c’est qu’il y avait déjà eu une revue systématique mais qui utilisait les définitions utilisées dans chacune des études, et avec des études dans lesquelles la durée de traitement avant ré-évaluation, le moment de réalisation de la scinti de contrôle par rapport à l’arrêt du traitement anticoagulant etc. n’étaient pas standardisés.

Regrouper les données individuelles de tous les patients inclus dans les études de haute qualité nous a permis d’avoir une cohorte homogène, avec scintigraphie réalisée après au moins trois mois de traitement anticoagulant et avant arrêt du traitement, critères d’interprétation de la scintigraphie identiques.
Du coup, nous avons pu déterminer le meilleur seuil prédictif pour la récidive thromboembolique de l’obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle, calculer de façon précise le risque annuel de récidive chez les patients avec et sans OVPR, estimer le risque dans des sous-groupes importants (en fonction du sexe, de l’âge, de l’obésité, des antécédents de MVTE, du caractère provoqué ou non de leur épisode initial, etc...)

Commentaire par : 
 
leagalDr. Grégoire Le Gal MD PHD 
Professor
Department of Medicine, University of Ottawa
Physician, Thrombosis Unit, Division of Hematology
The Ottawa Hospital - General Campus
Senior Scientist, Clinical Epidemiology Program
Ottawa Hospital Research Institute


Que faire des résultats ?


Les points à souligner c’est qu’il y avait déjà eu une revue systématique mais qui utilisait les définitions utilisées dans chacune des études, et avec des études dans lesquelles la durée de traitement avant ré-évaluation, le moment de réalisation de la scinti de contrôle par rapport à l’arrêt du traitement anticoagulant etc. n’étaient pas standardisés.

Regrouper les données individuelles de tous les patients inclus dans les études de haute qualité nous a permis d’avoir une cohorte homogène, avec scintigraphie réalisée après au moins trois mois de traitement anticoagulant et avant arrêt du traitement, critères d’interprétation de la scintigraphie identiques.

Du coup, nous avons pu déterminer le meilleur seuil prédictif pour la récidive thromboembolique de l’obstruction vasculaire pulmonaire résiduelle, calculer de façon précise le risque annuel de récidive chez les patients avec et sans OVPR, estimer le risque dans des sous-groupes importants (en fonction du sexe, de l’âge, de l’obésité, des antécédents de MVTE, du caractère provoqué ou non de leur épisode initial, etc...)

Que faire des résultats ?

Nous nous demandions par exemple si les patients avec guérison complète et sans séquelle d’une EP non provoquée pourraient arrêter de façon sécuritaire le traitement. Malheureusement, le risque n’est pas suffisamment bas pour pouvoir conclure cela.

Une des perspectives pour de futures études serait d’intégrer l’OVPR avec d’autres prédicteurs au sein d’un modèle de prédiction de risque (à l’instar d’HERDOO2, DASH, etc.).

Dans l’immédiat, la présence d’une OVPR est une information supplémentaire qui pourrait aider médecins et patients à prendre une décision d’arrêt ou de poursuite du traitement en affinant l’estimation du risque de récidive…

Merci Grégoire de ton retour éclairant et rapide, as usual ! 

Question à débattre ; est-ce que PREDICT-VTE pourrait être enrichi avev l'OVPR ?