Lp(a) : variations géographiques

 
 
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Barkas, F, Brandts, J, De Bacquer, D. et al. Global Variation in Lipoprotein(a) Levels Among Patients With Coronary Heart Disease: Insights From the INTERASPIRE Study and Implications for Emerging Lp(a)-Lowering Therapies. 

Variation globale des taux de lipoprotéine (a) chez les patients atteints de maladie coronarienne : aperçu de l'étude INTERASPIRE et implications pour les thérapies émergentes réduisant la Lp(a)

JACC. 2025 Jun, 85 (21) 2028–2042.https://doi.org/10.1016/j.jacc.2025.04.010
https://www.jacc.org/doi/epdf/10.1016/j.jacc.2025.04.010

 

Contexte

 

La lipoprotéine(a) [Lp(a)] est un facteur de risque fréquent de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, potentiellement plus athérogène par particule que les lipoprotéines de basse densité. On estime que 1,5 milliard de personnes dans le monde présentent des taux élevés ≥ 125 nmol/L, considérés comme un seuil de risque accru. Bien que les taux de Lp(a) varient selon l'origine ethnique, les essais en cours portant sur de nouvelles thérapies, principalement chez des patients en prévention secondaire, utilisent des seuils d'inclusion fixes pour la Lp(a).

Objectifs

 

L’objectif de cette étude était d’évaluer les niveaux de Lp(a) chez les patients atteints de maladie coronarienne (MC) dans différentes régions géographiques. Ceci devait fournir des conclusions sur les proportions potentiellement éligibles aux futures thérapies de réduction du Lp(a) et déterminer si celles-ci varient selon la région et le pays.

Méthodes

 

INTERASPIRE (International Action on Secondary Prevention through Intervention to Reduce Events) a recruté des adultes hospitalisés pour une cardiopathie congénitale lors des 6 à 24 derniers mois. Les taux de Lp(a) étaient disponibles dans 13 pays répartis dans 6 régions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s'agit de l'Afrique (Kenya, Nigéria, Tanzanie), des Amériques (Argentine, Colombie), de la Méditerranée orientale (EAU), de l'Europe (Pologne, Portugal), de l'Asie du Sud-Est (Indonésie) et du Pacifique occidental (Chine, Malaisie, Philippines, Singapour). Les mesures de Lp(a) ont été effectuées une fois et de manière centralisée à Helsinki à l'aide d'un test indépendant des isoformes pour 11 pays, et localement en Indonésie et en Chine avec une standardisation au laboratoire central. Les taux de Lp(a) sont rapportés sous forme de médiane (Q1-Q3) et de proportions au-dessus de différents seuils.

Résultats

 

 Les résultats de Lp(a) étaient disponibles pour 3 928 patients de 13 pays (âge moyen : 60,2 ± 10,2 ans ; 21,1 % de femmes). La Lp(a) médiane était de 32 nmol/L (Q1-Q3 : 11-89 nmol/L) dans l'ensemble, avec 17,6 % ayant des niveaux ≥ 125 nmol/L. Les niveaux médians variaient selon la région — les plus élevés en Afrique (62 nmol/L) et les plus bas dans le Pacifique occidental (22 nmol/L) — et également entre les pays au sein des régions. Par exemple, en Europe, ils varient de 59 nmol/L dans le Portugal à 19,5 nmol/L dans la Pologne. En Amérique du Sud, ils varient de 46 nmol/L en Colombie à 32 nmol/L en Argentine. En Pacifique occidental, ils varient de 39,5 nmol/L en Malaisie à 14 nmol/L en Philippines. Dans l'ensemble, les proportions de patients avec Lp(a) ≥ 150, 175 et 200 nmol/L (donc éligibles à de futurs traitements de réduction du Lp(a)) étaient respectivement de 13,0 %, 9,3 % et 6,2 %, l'éligibilité variant également selon les pays : la plus élevée au Portugal (25,5 %, 18,3 % et 11,6 %) et la plus faible aux Philippines (4,3 %, 2,5 % et 1,3 %)

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Conclusions

 

La grande majorité des patients atteints de cardiopathie congénitale présentent des taux de Lp(a) bien inférieurs au seuil de risque habituel, ce qui suggère que le risque attribuable à la Lp(a) est plus complexe qu'on ne le pensait auparavant. De plus, d'importantes variations géographiques des taux de Lp(a) supérieurs aux critères d'admission aux essais en cours pourraient avoir un impact sur l'accès équitable aux traitements, si ces essais sont positifs.


Résumé de l'article par PERPLEXITY/IA

Résumé de l’article : "Global Variation in Lp(a) Levels Among Patients With Coronary Heart Disease – Insights From the INTERASPIRE Study and Implications for Emerging Lp(a)-Lowering Therapies"

 

Contexte et objectifs


La lipoprotéine(a) [Lp(a)] est un facteur de risque reconnu pour la maladie cardiovasculaire athérosclérotique (ASCVD), potentiellement plus athérogène que le LDL. On estime qu’environ 1,5 milliard de personnes dans le monde ont des taux élevés de Lp(a) (≥125 nmol/L), seuil considéré comme augmentant le risque cardiovasculaire. Cette étude vise à évaluer la distribution des taux de Lp(a) chez des patients atteints de maladie coronarienne (CHD) dans différentes régions du monde. L'objectif est d'estimer la proportion de patients potentiellement éligibles à de nouveaux traitements visant à abaisser la Lp(a) et d'analyser les variations géographiques de ces taux.

Méthodologie


L’étude INTERASPIRE a inclus des adultes hospitalisés pour CHD dans les 6 à 24 mois précédents, dans 13 pays couvrant 6 régions de l’OMS (Afrique, Amériques, Méditerranée orientale, Europe, Asie du Sud-Est, Pacifique occidental). Les taux de Lp(a) ont été mesurés de façon centralisée ou standardisée localement, et les résultats sont exprimés en médiane et en pourcentage de patients dépassant différents seuils de Lp(a).

Principaux résultats

  • Sur 3 928 patients (âge moyen 60,2 ans, 21,1 % de femmes), la médiane de Lp(a) était de 32 nmol/L (Q1-Q3 : 11-89 nmol/L).

  • 17,6 % des patients présentaient des taux ≥125 nmol/L.

  • Les taux médians variaient fortement selon les régions : plus élevés en Afrique (62 nmol/L), moins élevés dans la région Pacifique occidental (22 nmol/L).

  • Des différences notables existaient aussi entre pays d’une même région (ex. : Portugal 59 nmol/L vs Pologne 19,5 nmol/L).

  • Les proportions de patients dépassant les seuils d’éligibilité pour les futurs traitements (150, 175, 200 nmol/L) étaient respectivement de 13,0 %, 9,3 % et 6,2 %, avec des variations importantes entre pays (ex. : Portugal jusqu’à 25,5 % vs Philippines 4,3 %).

Conclusions


La majorité des patients atteints de CHD ont des taux de Lp(a) inférieurs aux seuils habituellement considérés comme à risque élevé, ce qui suggère que le risque attribuable à la Lp(a) est plus complexe qu’on ne le pensait. Les variations géographiques substantielles pourraient influencer l’accès équitable aux futurs traitements, si ceux-ci démontrent un bénéfice cardiovasculaire.


En résumé 


L’étude montre une vaste variabilité mondiale des taux de Lp(a) chez les patients coronariens, avec une minorité dépassant les seuils d’éligibilité pour les nouveaux traitements. Ces différences régionales pourraient avoir un impact sur l’accès aux thérapies innovantes, soulignant la nécessité d’une approche adaptée selon les populations.

Commentaire

Affaire à suivre, d'autant plus que nous ne disposons pas encore des traitements visant à réduire la Lp(a) et donc les risques CV.

 

 

 Copyright : Dr Jean Pierre Laroche /2025