Santé CV et espérance de vie

 
"Dans cette précarité où les difficultés du présent oblitèrent l'avenir, les qualités propres des personnes sont ignorées, déniées, bafouées. La détermination sociale y prévaut et apparaît dans toute sa cruauté. Pour ceux-là qui s'y trouvent enfermés, les illusions de réussite individuelle perdues, ne restent plus que des destins de classe." Jacques Rigaudiat - Le nouvel ordre prolétaire, 2007

Association of Cardiovascular Health With Life Expectancy Free of Cardiovascular Disease, Diabetes, Cancer, and Dementia in UK Adults
, XuanWang,MD, PhD; Hao Ma, MD, PhD; Xiang Li, MD, PhD; Yoriko Heianza, RD, PhD; JoAnn E. Manson, MD, DrPH; Oscar H. Franco,MD, PhD; Lu Qi, MD, PhD
Association de la santé cardiovasculaire avec l'espérance de vie sans maladie cardiovasculaire, diabète, cancer et démence chez les adultes britanniques
27 février 2023. doi : 10.1001/jamainternmed.2023.0015
Article libre d'accés

Contexte
 
L'espérance de vie moyenne a considérablement augmenté au cours des dernières décennies dans la plupart des pays industrialisés, cependant, l'augmentation de l'espérance de vie n'est pas entièrement passée dans un état de santé optimal, en particulier chez les personnes de faible statut socioéconomique.

 

Objectif   

Quantifier les associations entre les niveaux de santé cardiovasculaire (CVH), estimés par les mesures Life's Essential 8 (LE8) de l'American Heart Association, avec l'espérance de vie sans maladie chronique majeure, y compris les maladies cardiovasculaires (MCV), le diabète, le cancer et la démence , chez les adultes britanniques.

Conception, cadre et participants   

Cette étude de cohorte a inclus 135 199 adultes dans l'étude UK Biobank qui étaient initialement exempts de maladies chroniques majeures et disposaient de données complètes sur les mesures LE8. Les analyses de données ont été réalisées en août 2022.

Expositions   

heart healthy lifestyl

https://www.heart.org/en/healthy-living/healthy-lifestyle/lifes-essential-8

Niveaux de santé cardiovasculaire, tels qu'estimés par le score LE8. Le score LE8, qui comprend 8 éléments :

(1) alimentation
(2) activité physique,
(3) exposition au tabac/nicotine,
(4) sommeil,
(5) indice de masse corporelle,
(6) lipoprotéines non de haute densité cholestérol,
(7) glycémie
(8) tension artérielle.


Le niveau de CVH a été évalué au départ et classé en niveaux faible (score LE8 <50), modéré (score LE8 ≥50 mais <80) et élevé (score LE8 ≥80).

Principaux critères de jugement et mesures  

Le principal critère de jugement était l'espérance de vie sans 4 maladies chroniques majeures (MCV, diabète, cancer et démence).

 

Résultats  

Sur les 135 199 adultes (44,7 % d'hommes ; âge moyen [écart-type], 55,4 [7,9] ans) inclus dans l'étude, un total de 4 712, 48 955 et 6 748 hommes présentaient respectivement des taux de CVH faibles, modérés et élevés, et les nombres correspondants pour les femmes étaient de 3 661, 52 192 et 18 931. À l'âge de 50 ans, les années estimées sans maladie étaient de 21,5 (IC à 95 %, 21,0-22,0), 25,5 (IC à 95 %, 25,4-25,6), et 28,4 (IC à 95 %, 27,8-29,0) pour les hommes avec des niveaux de CVH faibles, modérés et élevés, respectivement ; les années sans maladie estimées correspondantes à l'âge de 50 ans pour les femmes étaient de 24,2 (IC à 95 %, 23,5-24,8), 30,5 (IC à 95 %, 30,4-30,6) et 33,6 (IC à 95 %, 33,1-34,0). De manière équivalente, les hommes avec des niveaux de CVH modérés ou élevés ont vécu en moyenne 4,0 (IC à 95 %, 3,4-4,5) ou 6,9 (IC à 95 %, 6,1-7,7) années de plus sans maladie chronique, respectivement, à l'âge de 50 ans, par rapport aux hommes avec de faibles niveaux de CVH. Les années correspondantes plus longues vécues sans maladie pour les femmes étaient de 6,3 (IC à 95 %, 5,6-7,0) ou 9,4 (IC à 95 %, 8,5-10,2). Pour les participants ayant un niveau élevé de CVH, il n'y avait pas de différence statistiquement significative dans l'espérance de vie sans maladie entre les participants ayant un statut socio-économique faible et un autre.

Points clés

Question   

Quelle est l'association entre les niveaux de santé cardiovasculaire (CVH), estimés par le score Life's Essential 8 de l'American Heart Association, et l'espérance de vie sans maladies chroniques   majeures ?
 
Résultats   

Dans cette étude de cohorte de 135 199 adultes de l'étude UK Biobank, un niveau élevé de CVH était associé à une espérance de vie sensiblement plus longue sans 4 maladies chroniques majeures (maladie cardiovasculaire, diabète, cancer et démence) chez les hommes et les femmes. De plus, l'espérance de vie sans maladie était similaire entre les groupes socio-économiques faibles et les autres groupes parmi les participants présentant une CVH élevée.
 
Signification 

Ces résultats soutiennent l'amélioration de la santé de la population en favorisant un niveau élevé de CVH, ce qui peut également réduire les disparités de santé associées au statut socio-économique

 

Conclusions et pertinence 

Dans cette étude de cohorte, un niveau élevé de CVH, évalué à l'aide des mesures LE8, était associé à une espérance de vie plus longue sans maladies chroniques majeures et pourrait contribuer à réduire les inégalités socio-économiques de santé chez les hommes et les femmes
.

Les tableaux

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Espérance de vie totale et espérance de vie avec et sans maladie chronique majeure selon les niveaux de CVH

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 Association entre CVH et statut socioéconomique avec l'espérance de vie estimée avec et sans maladie chronique à l'âge de 50 ans chez les hommes

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Association entre CVH et statut socio-économique avec l'espérance de vie estimée avec et sans maladie chronique à l'âge de 50 ans chez les femmes

Résultats globaux

Dans cette grande cohorte prospective de participants d'âge moyen du Royaume-Uni, nous avons constaté qu'un niveau élevé de CVH, défini par le score LE8, était associé à une espérance de vie nettement plus longue sans maladies chroniques majeures (MCV, diabète, cancer et démence) chez les hommes comme chez les femmes. Les hommes avec des niveaux de CVH modérés ou élevés ont vécu en moyenne 4,0 ou 6,9 ans de plus sans maladie chronique à l'âge de 50 ans, respectivement, par rapport aux hommes avec de faibles niveaux de CVH. Les années correspondantes plus longues vécues sans maladie pour les femmes étaient de 6,3 ou 9,4 ans. De plus, l'espérance de vie sans maladie était similaire entre les groupes socio-économiques faibles et les autres groupes parmi les participants présentant une CVH élevée.


Curieusement, nous avons observé que l'espérance de vie en présence d'une maladie chronique majeure était plus courte avec des niveaux plus élevés de CVH, malgré une espérance de vie totale prolongée. Les données actuelles indiquent que la CVH de niveau supérieur a prolongé la durée de vie sans maladie, occupant ainsi l'espace pour les périodes de maladies, conduisant à une compression des années de vie vécues avec la maladie.

Commentaire

La règle de vie 8 si elle est respectée à 50 ans
est le garant d'une vie plus longue à la condtion d'être en bonne forme sur le plan CV... une évidence, évidente mais il fallait le démontrer.

Ces 8 paramètres quand ils sont respectés restant là bas d'un bien être CV

(1) alimentation
(2) activité physique,
(3) exposition au tabac/nicotine,
(4) sommeil,
(5) indice de masse corporelle,
(6) lipoprotéines non de haute densité cholestérol,
(7) glycémie
(8) tension artérielle.


La précarité est à elle seule un facteur de RCV, ne pas l'oublier.

La "bonne santé CV" est à elle seule source d'écnomie de "santé" en respectant la règle des 8, cad la correction des FDRCV et les conseils d'hygiène de vie.

Mais la "vraie vie" nous apporte une autre constation. Plus les patients sont atteints d'affections chroniques comme le diabète, une HTA, une dyslipidémie etc. ,  plus ils font l'objet d'une surveillance médicale rapprochée....si ils ont un médecin...disponible

Ces patients sont traités, ils récupèrent une activité physique , ils arrêtent de fumer , ils maigrissent .

Et de plus en plus souvent nous suivons des patients "chroniques" qui vieillissent bien pour une seule raison  : la survenue d'un diabète, d'un événement CV les ont rapprochés du médecin.  Sous couvert d'une surveillance médicale et sous couvert  d'une bonne compliance à nos conseils, ils arrivent à vivre mieux et plus  vieux. 

Histoire vraie ; une patiente vue récemment de 89 ans, très alerte, diabétique de type 2 depuis 40 ans, HTA traitée, LDL dans les clous, qui marche 1 h / j  et vit bien. Elle a une PTH droite et gauche et finalement elle estime que sa qualité de vie lui convient parfaitement depuis qu'elle est suvie tous les 3 mois par son médecin. C'est elle qui m'a dit "depuis que je suis une malade je vis mieux qu'avant".  Ces cas sont de plus en plus nombreux. On ne peut généraliser mais c'est la face cachée des maladies chroniques bien prises en charge. à la condition que ce type de patient se prenne eux aussi  en charge. Quand elle est devenue diabétique à l'âge de 49 ans; "on" lui avait dit , "votre espérance de vie en bonne santé " va être réduite....... merci ! Tout ceci est paradoxal , mais c'est la vraie vie. Un brin d'optimisme nécessaire dans ce pessimisme latent!


En Médecine Vasculaire nous devons être ferme sur la correction des FDRV, sur l'activité physique etc. à chaque consultation.

Mais en cas de précarité tout devient plus difficile, tout se complique, et il est impératif de s'occuper de cette population. C'est la missiuon du bus diucoeur. Mais il faut aller au delà évidemment. Tout médecin doit détecter la précarité, le score EPICES est d'une grande  aide. Les populations précaires doivent être prise charge par la société à tous les niveaux mais surtout au niveau de leur santé.

Rappel 

Vivre dans la précarité c'est : 


* Plus de chomage
* De plus en plus de retraités sont concernés
* De plus en plus d'étudiants sont concernés
* Plus de complications médicales
* Plus d'obésité
* Plus de de mauvaise compliance aux médicaments
* Moins de couverture sociale
* Plus de difficulté d'accès aux soins, aux médicaments.
* Plus de difficulté à corriger les facteurs de risques .
* Plus de difficulté à stopper le tabac, l'alcool ,les drogues
* Plus de difficulté à avoir un régime alimentaire équilibré voire plus simplement à se nourrir
* Plus de difficulté à avoir une activité physique
* Plus de retard au diagnostic donc plus de perte de chance, et plus de décés.
* La précarité va augmenter avec les difficultés économiques actuelles qui vont s'aggraver encore et encore....le monde actule en est il conscient ? 

Alors en consultation tout médecin doit envisager la possibilté de la précarité pour le patient qui est en face de lui et en tirer toutes les conséquences vis à vis de l'affection qu'il présente.

Cette évaluation fait partie de notre travail.....au cours du colloque singulier.....si tentait qu'il existe encore !

L'espérance de vie sans affection chronique est plus lognue qu'avec , une évidence, un postulat qu'il faut cependant moduler par une prise en charge médicale optimale. Est-elle possible en 2023 en France ? Il faut tout faire pour, c'est un enjeu de Santé Publique.  Les années à venir vont être difficile pour beaucoup de choses , en particulier pour la Santé.

https://medvasc.info/1919-pr%C3%A9carit%C3%A9-et-sant%C3%A9



PRECA1PRECA2
https://www.fedecardio.org/wp-content/uploads/2021/03/FFC-CP-precarite.pdf