" On peut apprendre à un ordinateur à dire "je t'aime" mais on ne peut pas lui apprendre à aimer " Albert Jacquard
Hantel A, Cernik C, Walsh TP, Uno H, Larios D, Slutzman JE, Abel GA. Assessing the Environmental and Downstream Human Health Impacts of Decentralizing Cancer Care. Évaluation des impacts environnementaux et en aval sur la santé humaine de la décentralisation des soins contre le cancer
JAMA Oncol. 2024 Jun 3. doi: 10.1001/jamaoncol.2024.2744. Epub ahead of print. PMID: 38829310.
https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/fullarticle/2819645?guestAccessKey=442b424c-d70e-4a12-85e0-037ffd90e0d0&utm_source=silverchair&utm_medium=email&utm_campaign=article_alert-jamaoncology&utm_content=olf&utm_term=060324&adv=000003242730
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Importance
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des soins de santé sont importantes et nuisent de manière disproportionnée aux personnes atteintes de cancer. Les émissions provenant d'un élément central des soins oncologiques, les visites cliniques externes, ne sont pas bien décrites, pas plus que les réductions des émissions et des dommages humains qui pourraient être obtenues grâce à la décentralisation de cet aspect des soins contre le cancer (c'est-à-dire la télémédecine et les soins cliniques locaux lorsque cela est possible).
Objectif :
Évaluer les réductions potentielles des émissions de GES et des méfaits sur la santé en aval associés à la télémédecine et aux soins contre le cancer entièrement décentralisés.
Conception, cadre et participants
Cette étude de cohorte basée sur la population et des analyses contrefactuelles utilisant des méthodes d'évaluation du cycle de vie ont analysé les personnes recevant des soins contre le cancer au Dana-Farber Cancer Institute entre mai 2015 et décembre 2020 ainsi que les personnes diagnostiquées avec un cancer au cours de la même période. l’ensemble de données publiques sur le cancer en Amérique du Nord (CiNA). Les données ont été analysées d’octobre 2023 à avril 2024.
Principaux résultats et mesures
La différence ajustée par jour de visite dans les émissions de GES en kilogrammes d'équivalents de dioxyde de carbone (CO2) entre 2 périodes : une période de modèle de soins en personne (mai 2015 à février 2020 ; pré période) et une période de télémédecine (mars à décembre 2020 ; post-période) et la diminution annuelle des années de vie ajustées en fonction de l'incapacité dans un modèle contrefactuel où les soins pendant la pré-période étaient décentralisés au maximum à l'échelle nationale.
L’objectif 1 a déterminé les différences dans les émissions de gaz à effet de serre entre un modèle de soins contre le cancer privilégié en personne (la pré période) et un modèle privilégié par la télémédecine (la post période). Les 2 périodes ont été sélectionnées en fonction d’une politique institutionnelle entrée en vigueur en mars 2020 en réponse à la pandémie de COVID-19. L’objectif 2 était d’estimer la diminution annuelle de la surmortalité attribuable aux émissions de gaz à effet de serre si les États-Unis passaient d’un modèle de soins du cancer privilégiés en personne à un modèle décentralisé contrefactuel dans lequel la télémédecine et les soins dans les cliniques locales étaient maximisés.
Résultats
Sur 123 890 patients inclus, 73 988 (59,7 %) étaient des femmes et l'âge médian (IQR) au premier diagnostic était de 59 (48-68) ans. Les patients ont été vus pendant plus de 1,6 million de jours de visite. Dans la régression log-linéaire à effets mixtes, la réduction absolue moyenne des émissions équivalentes de CO2 par jour et par visite entre la pré-période et la post-période était de 36,4 kg (IC à 95 %, 36,2-36,6), soit une réduction de 81,3 % (IC à 95 %, 80,8). -81,7) par rapport au modèle de référence. Dans un modèle de soins décentralisés contrefactuel de la période antérieure, il y a eu une réduction relative des émissions de 33,1 % (IC à 95 %, 32,9-33,3). Une fois comparés démographiquement aux 10,3 millions de personnes dans l’ensemble de données CiNA, les soins décentralisés auraient réduit les émissions nationales de 75,3 millions de kg d’équivalent CO2 par an ; cela correspondait à une réduction annuelle estimée de 15,0 à 47,7 années de vie corrigées de l’incapacité.
A, Émissions totales par mois. B, émissions par jour de visite pour chaque mois. La ligne verticale pointillée montre la division entre les périodes d’analyse pré-période et post-période. CO 2 indique le dioxyde de carbone.
Les points de données indiquent des estimations ponctuelles mensuelles des émissions par jour de visite ; les lignes, les tendances des émissions par jour de visite ; la ligne verticale pointillée, la division entre la pré période et la post période. CO 2 indique le dioxyde de carbone.
Les points de données indiquent des estimations ponctuelles mensuelles des émissions par jour de visite ; les lignes, les tendances des émissions par jour de visite. CO 2 indique le dioxyde de carbone.
Conclusions et pertinence
Cette étude de cohorte a révélé que le recours à la décentralisation par le biais de la télémédecine et des soins locaux peut réduire considérablement les émissions de GES des soins contre le cancer ; cela correspond à de légères réductions de la mortalité humaine.
Commentaire
Excellente étude mais OUI et NON
OUI, la téléconsultation en générale réduit les gaz à effets de serres, c'est indéniable
NON car la cancérologie induit un contexte particulier en terme d'écoute, d'empathie, de compassion etc.
Pour certains patients la téléconsultation réduit la dimension humaine de la consultation, pour d'autres l'essentiel est de parler avec l'oncologue même à travers un écran.
Alors généraliser la téléconsultation en cancérologie pour le suivi ce sera du cas par cas.....dans un premier temps.....
D'abord solliciter l'avis des patients
Demain...probablement la téléconsultation se fera sans médecin, sans humains, un robot sera capable de répondre aux questions des patients et d'être rassurant.......je ne suis pas prêt à cette échéance......
La médecine , la relation patient / médecin a besoin d'humanité, la médecine hippocratique doit rester la clé de voute de la médecine.
Est-ce bien raisonnable de prendre en compte l'avenir de la planète au niveau d'une consultation en cancérologie, il vaudrait mieux les limiter à celles qui sont vraiment indispensables.
Humanisme et Médecine une association forte
Aujourd'hui les nouvelles technologies restent un choix, notamment la téléconsultation, demain elles risquent d'être "obligatoire"....et puis après demain un robot vous annoncera, votre séjour sur terre est terminé !
Alors et