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Maha A.T. Elsebaie, Zoe Wickham, Stephanie DeBragga, Stacey Fedewa, Mohamed Amgad, Jane Jungyoon Park, Allen Li, Ali Eshaghpour, Juan Li, Mark Crowther, Manila Gaddh,
Efficacy and safety of direct oral anticoagulants compared with warfarin in antiphospholipid syndrome. Results of a multicenter retrospective cohort study,
Efficacy and safety of direct oral anticoagulants compared with warfarin in antiphospholipid syndrome. Results of a multicenter retrospective cohort study,
Efficacité et sécurité des anticoagulants oraux directs comparées à la warfarine dans le syndrome des antiphospholipides. Résultats d'une étude de cohorte rétrospective multicentrique.
Research and Practice in Thrombosis and Haemostasis,
Volume 9, Issue 4, 2025, 102856, ISSN 2475-0379,
https://doi.org/10.1016/j.rpth.2025.102856.
Contexte
Méthodes

A LIRE

Volume 9, Issue 4, 2025, 102856, ISSN 2475-0379,
https://doi.org/10.1016/j.rpth.2025.102856.
Contexte
Les anticoagulants oraux directs (AOD) sont devenus le traitement de première intention pour de nombreuses pathologies thrombotiques, mais leur utilisation chez les patients atteints du syndrome des antiphospholipides (SAPL) reste controversée.
Objectifs
Cette étude de cohorte multicentrique rétrospective menée dans les centres médicaux des universités Emory et McMaster visait à explorer le modèle d'utilisation des AOD chez les patients atteints de SAPL et à comparer l'efficacité et la sécurité des AOD par rapport à la warfarine.
Méthodes

Déroulement de l'étude et identification des patients. AC, classe d'anticoagulation ; aPL, anticorps antiphospholipides ; APS, syndrome des antiphospholipides ; AOD, anticoagulant oral direct ; CIM-10, Classification internationale des maladies, 10e édition.
Nous avons inclus des patients atteints de SAPL âgés de ≥ 18 ans ayant présenté une thrombose aiguë entre 2012 et 2018 et ayant débuté un traitement par AOD ou warfarine. Les critères d'évaluation cliniques étaient la thrombose récurrente, les saignements cliniquement pertinents et une combinaison de thrombose et de saignement (bénéfice clinique net). Les modèles de risques proportionnels de Cox ont estimé les rapports de risque (RR) pour les critères d'évaluation cliniques et défini l'exposition aux AOD ou à la warfarine comme variable dans le temps afin de tenir compte du changement d'anticoagulant.
Résultats

( A) Courbes de survie du temps jusqu'à la récidive thrombotique par classe d'anticoagulation. (B) Courbes de survie du temps jusqu'à un saignement cliniquement pertinent par classe d'anticoagulation. (C) Courbes de survie du temps jusqu'à la thrombose ou le saignement par classe d'anticoagulation. AOD, anticoagulant oral direct.

( A) Courbes de survie du temps jusqu'à la thrombose veineuse récurrente par classe d'anticoagulation. (B) Courbes de survie du temps jusqu'à la thrombose artérielle récurrente par classe d'anticoagulation. AOD, anticoagulant oral direct.
Au total, 152 patients ont été identifiés : 77 ont débuté un traitement par warfarine et 75 par AOD. Soixante patients ont changé de traitement anticoagulant au moins une fois. Vingt-quatre patients avaient des anticorps antiphospholipides triplement positifs. La classe d'anticoagulation (AOD vs warfarine) n'a pas influencé le risque de thrombose récurrente (HR, 0,91 ; IC à 95 %, 0,46-1,79) ou le bénéfice clinique net (HR, 0,81 ; IC à 95 %, 0,46-1,43). À l'inverse, les AOD ont été associés à une réduction de 57 % du risque de saignement cliniquement pertinent (HR, 0,43 ; IC à 95 %, 0,20-0,95). Le risque de thrombose veineuse ou artérielle récurrente était comparable entre les cohortes AOD et warfarine.

Conclusion
L’utilisation d’anticoagulants oraux directs (AOD) dans le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est controversée.
Cette étude multicentrique rétrospective a exploré l’efficacité et la sécurité des AOD par rapport à la warfarine dans le SAPL.
Vingt-quatre des 152 patients atteints d’APS présentaient une triple positivité.
Il a été constaté que les AOD avaient une efficacité similaire et une sécurité améliorée par rapport à la warfarine.
Commentaire
D'emblée éliminons le SAPL TRIPLE POSITIF ARTERIEL (anticardiolipine, anti-β2 glycoprotéine I et anticoagulant lupique) qui ont un risque thrombotique beaucoup plus élevé et répondent moins bien aux AOD qu’aux antivitamines K (AVK). En cas de prescription de Coumadine, prescription conjointe d'un CoaguCheck systématiquement avec l'accord du patient.
Reste le SAPL VEINEUX qui est souvent retrouvé de manière incomplète en cas de MTEV sans facteur déclenchant, les AOD restent possibles.
La "VRAIE VIE" nous donne des renseignements cruciaux. Très souvent, nous avons à faire à des patients qui ont présenté une MTEV et sont traités par un AOD dans un premier temps et ce sans problème, ni de récurrence, ni d'hémorragie. Dans un second temps, après une fenêtre thérapeutique, la recherche d'un SAPL est réalisée. La patiente a repris après les AOD et on retrouve soit un AC LUPIQUE isolé, soit des anticardiolipines ou des antiB2 glycoprotéines I positifs à des taux faibles. Bien entendu, un contrôle 6 semaines après est réalisé. Si indication persistante d'une anticoagulation, les AOD sont poursuivis.
On a l'impression que le SAPL veineux tolère très bien les AOD, le SAPL artériel non, le SAPL obstétrical non plus. Cette étude a démontré une efficacité comparable et une meilleure sécurité des AOD par rapport à la warfarine dans une population majoritairement à faible risque de SAPL. La prudence est de mise, en particulier chez les patients atteints de SAPL présentant des anticorps antiphospholipides triplement positifs ou des antécédents de thrombose artérielle.
En résumé, plus le profil d’anticorps est complexe (notamment en cas de triple positivité), moins les AOD sont efficaces, et plus il est alors recommandé de privilégier les AVK chez ces patients.
Pour les cas qui sont difficiles, une RCP sera la bienvenue.
La "VRAIE VIE" est un terrain d'observation fantastique, ne jamais l'oublier et ce pour TOUTE la médecine. Il ya souvent un hiatus énorme entre les VRAIE VIE et les données des études et les recommandations. C'est au médecin de trancher ou d'adresser le patient à un spécialiste SAPL.
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