Thrombophilie

  • ASH 2023 : THROMBOPHILIES
  • Entretien avec Pierre Morange : les thrombophilies
     


     logo aphm 300x267"Ce qui donne à un individu sa valeur génétique, ce n'est pas la qualité propre de ses gènes. C'est qu'il n'a pas la même collection de gènes que les autres."François Gros Et François Jacob

    " Diversité, c'est ma devise " Jean de La Fontaine

    " L'étude de la diversité de nos génomes permet de répondre à des questions capitales en anthropologie, en biologie de l'évolution, en histoire mais aussi et c'est important pour l'avenir, en santé humaine"Lluis Qintana-Murci


    Thème  : les bilans  de thrombophilies

    Ils ne sont pas toujours conformes aus  recommandations. C'est pourquoi il semble important d'y voir plus clair . Merci à Pierre Emmanuel Morange d'avoir accepté de faire le point sur cette question importante pour https://medvasc.info/

     

    Pierre MORANGE GFHT CoMETH 2017
    Professeur Pierre Emmanuel MORANGE 

    Centre d'Exploration des pathologies Hémorragiques et Thrombotiques (CEHT)
    Service du laboratoire d'hématologie
    Service d'Hématologie Biologique
    CHU de Marseille - Hôpital de la Timone


     


    Peux-tu rappeler Pierre la définition de la thrombophilie ?

     

    La thrombophilie peut être définie par la prédisposition d’un individu à développer des épisodes thrombotiques touchant le plus souvent le territoire veineux. Une partie de l’origine de cette thrombophilie est identifiée par des facteurs biologiques, certains constitutionnels d’autres acquis tels que la présence d’un syndrome des antiphospholipides.

    Il faut distinguer 2 groupes de thrombophilies constitutionnelles : les états thrombophiliques majeurs (ou thrombophilie sévère) représentés par les déficits en inhibiteurs naturels de la coagulation (antithrombine, protéine C, protéine S), les anomalies combinées facteur V Leiden (FVL) hétérozygote (HTZ) + mutation G20210A du gène de la prothrombine (PTM) HTZ, FVL homozygote (HMZ) et PTM HMZ ; et les états thrombophiliques modérés : FVL HTZ, PTM HTZ. La thrombophilie majeure est associée à un risque de maladie thromboembolique veineuse (ou MTEV) important chez le sujet jeune puisqu’on estime qu’à l’âge de 45 ans, la moitié des sujets porteurs de ces anomalies auront thrombosé.

    Il faut souligner cependant qu’une grande partie de cette thrombophilie reste encore inexpliquée.

     

    Aujourd’hui les recherches de thrombophilies se multiplient et la plupart du temps sans fondement réel. Alors chez qui rechercher une thrombophilie, quand et pourquoi ?

     

    La recherche d’une thrombophilie biologique doit être restreinte aux indications dans lesquelles l’identification de celle-ci aura une influence sur la prise en charge du patient et/ou de sa famille. De façon générale, la survenue d’un épisode thrombotique chez un sujet jeune incite à poser la question du bilan de thrombophilie. Il n’existe pas de consensus international quant aux indications de ce bilan. En effet, les différentes recommandations/propositions publiées reposent sur de faibles niveaux de preuve (notamment du fait de la rareté des thrombophilies majeures). Toutefois, le critère d’âge et le caractère non provoqué de l’épisode thrombotique sont des facteurs majeurs dans toutes les recommandations.

    Le bilan de thrombophilie doit ainsi être réalisé chez les individus ayant présenté un épisode thromboembolique veineux (thrombose veineuse profonde et/ou embolie pulmonaire) non provoqué (c’est-à-dire en l’absence de situation à risque environnementale) avant 50 ans. Chez la femme en âge de procréer,  cette indication doit être élargie aux épisodes provoqués puis la présence d’un thrombophilie biologique pourra conditionner la prise en charges des éventuelles grossesses ultérieures. Chez les sujets de plus de 50 ans, ce bilan ne sera discuté que s’il existe des antécédents familiaux documentés.

    Concernant les sujets asymptomatiques, les recommandations proposent de réaliser une enquête familiale uniquement chez les apparentés du premier degré, de façon systématique s’il s’agit d’une thrombophilie sévère, après évaluation par un centre expert et uniquement chez les femmes apparentées du premier degré en âge de procréer pour les thrombophilies modérées. En effet, le diagnostic d’une anomalie biologique peut avoir un impact majeur chez les femmes jeunes en raison de leur exposition très fréquentes aux situations hormonales, associées à un risque majeur de MTEV (contraception oestroprogestative et grossesse).

    De nombreux paramètres en hémostase seront perturbés au cours du traitement et à la phase aigüe de la thrombose veineuse notamment. Il faut donc retenir ,qu’il n’y a généralement pas d’urgence à effectuer un bilan de thrombophilie dont l’interprétation sera difficile au cours de la prise en charge initiale. Il sera donc préférable de réaliser ce bilan après l’arrêt du traitement anticoagulant ou lorsqu’une fenêtre thérapeutique peut être envisagée (au-delà de 3 mois de traitement bien conduit).

    Quand une patiente ou un patient présente une mutation génétique, chez qui la rechercher dans la famille et chez les descendants. Cette recherche doit-elle être ciblée uniquement sur la thrombophilie qui a été mise en évidence initialement ?

    Cette question divise encore notre communauté. Logiquement la recherche devrait être ciblée uniquement sur la thrombophilie qui a été mise en évidence chez le cas index. Si l’anomalie est identifiée alors le bilan doit être complétée car il n’est pas rare de retrouver une deuxième thrombophilie fréquente (FV Leiden ou PT G20210A). Cependant certains considère qu’il est plus pratique d’effectuer un bilan complet d’emblée afin d’éviter un deuxième prélèvement.

     

    Quels sont les traitements qui perturbent un bilan de thrombophilie ?

     

    Sans surprise ceux sont essentiellement les anticoagulants. Les antivitamines K font baisser la protéine C et la protéine S (qui sont des protéines vitamine K dépendantes) et peuvent compliquer la recherche d’anticoagulant circulant si l’INR est trop élevée.

    Les anticoagulants oraux directs impactent les tests chronométriques de la coagulation et certains dosages des inhibiteurs de la coagulation ne sont pas réalisables.

    On note en particulier des difficultés d’interprétation liées aux anticoagulants oraux directs (AOD : apixaban, rivaroxaban, dabigatran). Le dosage des protéines C et S est perturbé sous AOD si le test utilisé est chronométrique (test de première intention). Une surévaluation des taux peut être observée. Le dosage de la protéine C peut être effectué avec une technique chromogénique avec une perte de sensibilité (certains déficits qualitatifs ne sont pas diagnostiqués par la technique chromogénique).

    La problématique est comparable pour la protéine S : le dosage antigénique de la protéine S libre peut être réalisé sous AOD mais il ne permet pas le diagnostic des rares déficits qualitatifs.

    De même, le dosage de l’antithrombine doit tenir compte de l’AOD. En effet les trousses commercialisées utilisent 2 systèmes de mesure différents. Ainsi, le dosage de l’antithrombine chez les patients traités par dabigatran ne sera pas réalisable avec le système anti-IIa. Inversement, le dosage de l’antithrombine sous apixaban ou rivaroxaban ne sera pas réalisable avec le système anti-Xa. La recherche des anticoagulants circulants sous AOD n’est pas non plus possible et une fenêtre de 72 heures est nécessaire pour le dosage.

    En raison des difficultés potentielles d’interprétation de ce bilan, pour le prescripteur et pour le laboratoire qui effectue l’analyse, il est recommandé d’adresser les patients susceptibles de bénéficier d’un bilan de thrombophilie à un centre expert qui évaluera l’indication et maitrisera l’exploration en collaboration avec le laboratoire de référence.

     

    Demain quelles sont les orientations à venir du monde de la thrombophilie ?

     

    L’exploration d’une thrombophilie constitutionnelle est à ce jour très dépendante des tests plasmatiques et reste ainsi soumise aux difficultés d’interprétation, notamment en lien avec les traitements anticoagulants. Il est de plus admis qu’il existe des variants délétères dans les gènes codant les inhibiteurs naturels de la coagulation non identifiés par les tests d’activités utilisés pour les dépister. Le développement des outils de biologie moléculaire, notamment les techniques dites de next generation sequencing (ou NGS) laisse entrevoir une évolution dans cette exploration. Le diagnostic moléculaire pourrait ainsi devenir un acteur majeur du bilan de thrombophilie dans un futur proche. D’une part, ses performances diagnostiques sont supérieures à celles des dosages plasmatiques (meilleures sensibilité et spécificité). D’autre part, nous savons que la liste des anomalies génétiques associées à la survenue de la maladie thromboembolique veineuse ne se limite pas aux 5 anomalies du bilan de thrombophilie actuellement pratiqué. Ainsi une approche de type panel avec séquençage systématique des gènes candidats (c’est-à-dire des gènes codant les protéines impliquées dans la physiopathologie) ou de type exome sequencing dans des familles avec thrombophilie inexpliquée permettrait d’identifier le variant rare délétère impliqué dans la pathologie familiale. Plus que jamais, la recherche d’états thrombophiliques doit bénéficier de l’expertise de centres spécialisés.

    Le groupe français d’hémostase et thrombose (GFHT) auquel j’appartiens devrait publier ses recommandations actualisées sur le bilan de thrombophilie au cours de cette année. 

    Merci Pierre pour cet entretien très riche et très informatif . Merci aussi d'avoir toujours répondu présent aux sollicitations de la Médecine Vasculaire et de ta présence à nos côtés.

  • Fausses couches et thrombophilie
     thromb iconographie

     “On peut imaginer une humanité composée exclusivement de femmes ; on n'en saurait imaginer une qui ne comptât que des hommes.”Jean Rostand
     
     
    Shehata H, Ali A, Silva-Edge M, et alThrombophilia screening in women with recurrent first trimester miscarriage: is it time to stop testing? – a cohort study and systematic review of the literatureBMJ Open 2022;12:e059519. doi: 10.1136/bmjopen-2021-059519
    https://bmjopen.bmj.com/content/12/7/e059519.citation-tools
    Dépistage de la thrombophilie chez les femmes ayant subi des fausses couches récurrentes au premier trimestre : est-il temps d'arrêter les tests ? – une étude de cohorte et une revue systématique de la littérature
     
    Contexte 
    Il existe de nombreuses études faisant état d'une prévalence disproportionnellement élevée de thrombophilie chez les femmes ayant des antécédents de fausses couches récurrentes (MR=FC), ce qui a conduit à un surdiagnostic et à un traitement sans amélioration des résultats cliniques.

    L'objectifde cette étude était d'évaluer la prévalence de la thrombophilie héréditaire et acquise dans une large cohorte de femmes ayant des antécédents de RM précoce en utilisant des critères de diagnostic et des paramètres d'inclusion internationalement reconnus et de la comparer aux résultats de la méta-analyse de la littérature existante.

    Conception
    Étude de cohorte rétrospective et revue systématique de la littérature.

    Contexte
    Il s'agit d'une étude de cohorte rétrospective mise en place dans deux centres tertiaires dédiés aux femmes atteintes de MR dans le sud-ouest de Londres et le Surrey. Ont été   passé en revue toute la littérature disponible relative aux causes des MR. Il a été  déterminé la prévalence de la thrombophilie dans la population étudiée et l'avons comparée à la prévalence historique et publiée dans la population générale.

    Participantes

    1155 femmes entre 2012 et 2017. Toutes les patientes ont eu au moins trois fausses couches au cours du premier trimestre et un dépistage complet de la thrombophilie.

    Résultats
    La prévalence globale de la thrombophilie dans notre population d'étude est de 9,2 % (106/1155) avec 8,1 % (94/1155) de cas positifs pour la thrombophilie héréditaire, ce qui est similaire à la population générale ; Le facteur V Leiden (4,9 % ; 57/1155) et la mutation du gène de la prothrombine (2,9 % ; 34/1155) étaient les thrombophilies héréditaires les plus courantes, tandis que seulement 1 % (12/1155) étaient positifs pour la thrombophilie acquise. Un anticoagulant lupique (AL) positif persistant a été trouvé chez 0,5 % (6/1155) et des anticorps anticardiolipine (ACL) positifs persistants avec une valeur ≥ 40 U/mL ont été trouvés chez 0,5 % (6/1155) des patients. Les tests de LA/ACL ont été effectués à au moins 12 semaines d'intervalle, répondant ainsi aux critères révisés de Sapporo pour un diagnostic de syndrome des antiphospholipides.

    Conclusion

    Les résultats de notre étude démontrent que la prévalence de la thrombophilie héréditaire est similaire chez les femmes atteintes de MR à celle de la population générale. De même, la prévalence de la thrombophilie acquise, selon les critères révisés de Sapporo, dans la cohorte des MR est similaire à celle de la population générale. Par conséquent, nous ne recommandons pas l'investigation ou le traitement de la thrombophilie héréditaire ou acquise chez les femmes atteintes de MR.

    Données

    MISC1
    MISC2MISC3MISC4Commentaire

    Excellent article qui résoud en partie un problème difficile. Etude rétropective dont on connait les limites.  Est-ce qu'un bilan de thrombophilie doit  être systématique chez une patiente présentant des fausses couches au cours du premier trimestre ? C'est une demande fréquente de la part de nos ami(e)s gynécologues. Demande logique face à une patiente qui veut comprendre pourquoi elle présente des fausses couches. La piste des thrombophilies est évoquée depuis longtemps, dans un seul but proposer un éventuel  traitement préventif mais aussi.......d'expliquer..... 

    J'ai interviewé sur ce sujet 3 "spécialistes" : PE MORANGE, G PERNOD et N GENDRON

    Ils sont globalement d'acord avec cet article, excepté pour la recherche d'un SAPL 

    Si on veut schématiser cette question, on peut procéder de la manière suivante : 
    - en cas de fausse couche au premier trimestre, rechercher chez la patientes des atcds familiaux de MTEV et ou de thrombophilie, rechercher chez la patiente la même chose.
    - Ne faire un bilan complet de thrombophilie que chez les patientes à risque voire sur risque de MTEV
    - La recherche d'un SAPL est à mon sens logique
    - Pour des cas complexes , avis en RCP

    En fait la question qui arrive après cette réflexion, que faire en cas de thrombophilie héréditaire mise en évidence ?  Car cela reste la seule question importante.  Est ce que l'on va agir dfféremment selon qu'il existe ou non une thrombophilie héréditaire ?

    Les moyens thérapeutiques dont on dispose :  l'aspirine, une HBPM à dose préventive, les deux, décision en RCP , attention aux décisions purement empiriques.

    L'origne des fausses couches répétées au TRI 1 ne sont pas exclusivement du domaine des thrombophilies , loin s'en faut +++++. 

    Dans environ 60 % des cas, et en particulier pendant le premier trimestre de la grossesse, les fausses couches sont dues à des anomalies de l'embryon qui empêchent son développement normal

    La VRAIE VIE

    FCCCC

    Published in 2010
    Fausses-couches spontanées répétées : bilan étiologique et prise en charge des grossesses ultérieures V. Lejeune référence


    Données littérature

    Vomstein, K, Herzog, A, Voss, P, et al. Recurrent miscarriage is not associated with a higher prevalence of inherited and acquired thrombophilia. Am J Reprod Immunol. 2021; 85:e13327. https://doi.org/10.1111/aji.13327
    La prévalence de la thrombophilie héréditaire ne diffère pas entre les patients fausses couches (FC)  et les témoins. Lors de l'analyse d'événements rares comme la thrombophilie, un nombre élevé de patients est nécessaire pour obtenir des résultats fiables, ce qui pourrait expliquer les résultats contradictoires d'études antérieures analysant de petites cohortes de patients FC. Bien qu'il soit moins répandu que décrit précédemment,nous recommandons toujours le dépistage du SAPL car il est associé à des complications graves de la grossesse."

    Inherited Thrombophilia and Pregnancy Complications: Should We Test?
    Arachchillage DRJ, Makris M. Semin Thromb Hemost. 2019 Feb;45(1):50-60. doi: 10.1055/s-0038-1657782. Epub 2018 Jun 4.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29864774/

    Les fausses couches à répétition et les complications liées à la grossesse causent un stress important aux couples à la recherche d'une issue de grossesse réussie ainsi qu'aux professionnels de la santé. Il existe des preuves contradictoires en ce qui concerne la présence et la force des associations entre la thrombophilie héréditaire et ces complications. Un dépistage complet de la thrombophilie est coûteux et aucun traitement efficace éprouvé pour les femmes souffrant de fausses couches à répétition et de thrombophilie héréditaire n'est actuellement disponible. Sur la base du concept de thrombose microvasculaire du placenta, les femmes souffrant de fausses couches à répétition et de complications liées au placenta sont fréquemment traitées par un traitement antithrombotique. Dans cette revue narrative, les auteurs explorent l'évolution de la compréhension et des preuves de la thrombophilie héréditaire dans les fausses couches à répétition et d'autres complications de la grossesse, et si le traitement antithrombotique modifierait l'issue de la grossesse chez les femmes atteintes de thrombophilie héréditaire. Enfin, ils fournissent des recommandations personnelles basées sur les preuves disponibles pour la pratique clinique. En résumé, le test de thrombophilie héréditaire estnon requis en dehors d'un essai clinique pour les femmes présentant des pertes de grossesse récurrentes ou des complications de fin de grossesse. La présence de marqueurs de thrombophilie n'indique généralement pas un traitement supplémentaire pendant la grossesse, même si un défaut thrombophilique héréditaire est trouvé chez les femmes présentant des fausses couches à répétition ou des complications tardives de la grossesse.

    Society for Maternal-Fetal Medicine (2019) 
    Don’t test women for MTHFR mutations.CHOOSE WISELY 
    https://www.choosingwisely.org/clinician-lists/smfm-testing-for-mthfr-mutations/
    MTHFR is responsible for the conversion of 5,10-methylenetetrahydrofolate to 5-methyltetrahydrofolate. Genetic variant C677T and A1286C have been associated with a mild decrease in enzymatic activity, which in the setting of reduced folate levels has been found to be a risk factor for hyperhomocysteinemia. Although hyperhomocysteinemia is a risk factor for cardiovascular disease and venous thrombosis, its cause is multifactorial and independent of the MTHFR genotype, even in homozygotic individuals. Despite earlier (mostly case control) studies that found an association between the MTHFR genotype and adverse outcomes, recent studies of more robust design have not replicated these findings. Due to the lack of evidence associating genotype independently with thrombosis, recurrent pregnancy loss, or other adverse pregnancy outcomes, MTHFR genotyping should not be ordered as part of a workup for thrombophillia.

    Cette bibliographie n'est pas exhaustive, mais elle confirme que la recherche d'une thrombophilie héréditaire n'est pas conseillé de manière systématique dans le contexte de FC. La recherche d'un SAPL reste pour l'instant à réaliser

    A LIRE
    https://www.gyneco-online.com/fertilite/fausses-couches-repetition-une-nouvelle-approche
     
  • RIETE EXPRESS : Thrombophilies héréditaires et AOD
    ça fonctionne très bien
  • THROMBOPHILIE : chez qui ?
    Thrombophilie, mon amie...
  • thrombophilies : rappels utiles !
    A trop les prescrire on s'égare......
  • Thrombose rétinienne : thrombophilie ?
    Thrombose veineuse et artérielle rétine          Thrombophilie
  • TV rétinienne et CANCER
    Problème de vue
  • Un résumé de congrès et un article : grossesse et thrombophilie

    iconographie : thrombophilia

    "la mobilisation de l'immobile" Sylvain Tesson


    Présentation de Saskia Middeldorp, 64th ASH MEETING, 10/13 Decembre 2022, New Orleans
    Le Résumé de la commucation ALIF2 en avant première


    Low-Molecular-Weight Heparin Versus Standard Pregnancy Care for Women with Recurrent Miscarriage and Inherited Thrombophilia (ALIFE2): An Open-Label, Phase III Randomized Controlled Trial
    Héparine de bas poids moléculaire par rapport aux soins de grossesse standard pour les femmes souffrant de fausses couches récurrentes et de thrombophilie héréditaire (ALIFE2) : essai contrôlé randomisé ouvert de phase III

    Siobhan Quenby, MD PhD 1 , Katie Booth 2 , Louise Hiller, PhD 2 , Arri Coomarasamy 3 , Eva Hamulyák, MD 4 , Luuk Scheres 5 , Paulien G. de Jong 4 , Thijs van Haaps 4 , Lauren J. Ewington 2 , Shreeya Tewary 2 , Mariëtte Goddijn, MD PhD 4 * et Saskia Middeldorp, MD, PhD 6,7

    1 Unité de recherche biomédicale en santé reproductive, Université de Warwick, Warwick, Royaume-Uni
    2 Université de Warwick, Warwick, Royaume-Uni
    3 Université de Birmingham, Birmingham, Royaume-Uni
    4 Amsterdam UMC, Université d'Amsterdam, Amsterdam, Pays-Bas
    5 Radboud University Medical Center , Nimègue, Pays-Bas
    6 Centres médicaux universitaires d'Amsterdam, Université d'Amsterdam, Amsterdam, Pays-Bas
    7 Médecine interne, Centre médical universitaire Radboud, Nimègue, Nimègue, Pays-Bas



    Libre d'accés 

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    Arrière plan

    Des études ont montré une association entre les fausses couches à répétition et la thrombophilie héréditaire. Il a été émis l'hypothèse que le traitement anticoagulant pourrait réduire à la fois le nombre de fausses couches et les résultats indésirables de la grossesse chez ces femmes et cela est largement pratiqué malgré le manque de preuves solides. En l'absence d'essais contrôlés randomisés évaluant l'efficacité du traitement par héparine de bas poids moléculaire (HBPM) chez les femmes souffrant de fausses couches à répétition et de thrombophilie héréditaire, un essai clinique randomisé abordant ce sujet était hautement nécessaire.

    Méthodes

    Conception : L'essai ALIFE 2 était un essai contrôlé randomisé ouvert international initié par l'investigateur. Les Pays-Bas ont coordonné le recrutement dans 15 hôpitaux aux Pays-Bas, aux États-Unis, en Belgique et en Slovénie. Le Royaume-Uni a coordonné 26 sites, dont des sites en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. Le protocole d'étude a été approuvé par les comités d'examen institutionnels de tous les centres participants et, au Royaume-Uni, par le NRES, le MHRA et le HRA. Un consentement éclairé écrit a été obtenu de tous les patients avant la randomisation. L'essai a été enregistré dans le registre néerlandais des essais (NTR3361) et EudraCT (Royaume-Uni : 2015-002357-35).

    Population de l'étude : femmes (18-42 ans) qui ont eu au moins deux pertes de grossesse et une thrombophilie héréditaire confirmée (facteur V Leiden, mutation de la prothrombine 20210A, antithrombine, déficit en protéine C ou en protéine S) qui essayaient activement de concevoir ou depuis moins de 7 semaines enceintes étaient éligibles à l'inclusion. Les femmes étaient exclues si la durée de la grossesse en cours était de 7 semaines ou plus, si elles avaient une indication de traitement anticoagulant pendant la grossesse, une contre-indication à l'HBPM, une allergie connue à l'HBPM ou une inscription antérieure à cet essai.

    Randomisation et intervention : Les femmes ont été randomisées (1:1) pour utiliser une HBPM sous-cutanée une fois par jour (énoxaparine 40 mg, daltéparine 5 000 UI, tinzaparine 4 500 UI ou nadroparine 3 800 UI) par rapport à la surveillance standard de la grossesse une fois qu'elles avaient un test de grossesse urinaire positif. L'HBPM a commencé ≤ 7 semaines de grossesse et s'est poursuivie jusqu'à la fin de la grossesse.

    Résultats : Le critère de jugement principal était le taux de naissances vivantes. Les critères de jugement secondaires comprenaient les résultats indésirables de la grossesse, tels que les fausses couches, les complications obstétricales (accouchement prématuré, prééclampsie, syndrome HELLP, retard de croissance intra-utérin) et les malformations congénitales. Les résultats d'innocuité comprenaient des épisodes hémorragiques, une thrombocytopénie et des réactions cutanées au médicament à l'étude prescrit.

    Analyse statistique : L' analyse a inclus toutes les données disponibles de toutes les femmes qui ont été randomisées et n'ont pas retiré leur consentement à être suivies , conformément au principe de l'intention de traiter . Des analyses exploratoires de sous-groupes ont étudié l'effet de l'âge, du nombre de fausses couches antérieures, des naissances vivantes antérieures et du type de thrombophilie héréditaire.

    Résultats

    Entre août 2012 et janvier 2021, 10 626 femmes ayant subi des fausses couches à répétition ont été évaluées pour leur éligibilité, dont la plupart n'étaient pas éligibles en raison de l'absence de thrombophilie héréditaire. Un total de 428 femmes ont été enregistrées, dont 326 femmes ont conçu et ont été randomisées. 164 ont été assignés au groupe HBPM et 162 ont été assignés au groupe de surveillance standard. L'âge moyen était de 33 ans, environ un tiers étant âgé de 36 ans ou plus, et la majorité était d'origine caucasienne (83 %) . Le nombre médian de fausses couches avant la randomisation était de 3 et 70 % avait des antécédents de 3 fausses couches ou plus. Les types de thrombophilie les plus courants étaient l'hétérozygotie pour le facteur V de Leiden (56 %), la mutation de la prothrombine 20210A (25 %) et le déficit en protéine S (14 %). L'aspirine était utilisée comme co-médicament dans 11 % des cas. Les taux de naissances vivantes observés étaient de 116/162 (71,6 %) dans le groupe HBPM et de 112/158 (70,9 %) dans le groupe de surveillance standard (OR ajusté 1,08 (IC à 95 % 0,65 à 1,78)) (différence absolue 0,7 % (IC à 95 % -9,2 % à 10,6 %).

    Interprétation

    Par rapport à la surveillance standard, l'utilisation de l'HBPM n'a pas entraîné de taux de naissances vivantes plus élevés chez les femmes qui ont eu deux ou plusieurs pertes de grossesse et une thrombophilie héréditaire confirmée. Sur la base de nos résultats, nous ne conseillons pas l'utilisation systématique de l'HBPM chez les femmes présentant une perte de grossesse récurrente et une thrombophilie héréditaire confirmée, et nous déconseillons les tests de routine pour la thrombophilie héréditaire chez les femmes présentant une perte de grossesse récurrente.

    On a hâte de lire l'article et de voir la communication à l'ASH très prochainement


    Thrombophilia screening in women with recurrent first trimester miscarriage: is it time to stop testing? – a cohort study and systematic review of the literature , Shehata H, et al. BMJ Open 2022;12:e059519. doi:10.1136/bmjopen-2021-059519
    Dépistage de la thrombophilie chez les femmes ayant subi des fausses couches récurrentes au premier trimestre : est-il temps d'arrêter les tests ? – une étude de cohorte et une revue systématique de la littérature
    https://bmjopen.bmj.com/content/12/7/e059519

    Libre d'accés

    Résumé

    Objectif Il existe de nombreuses études faisant état d'une prévalence disproportionnellement élevée de thrombophilie chez les femmes ayant des antécédents de fausses couches récurrentes (MR), ce qui a conduit à un surdiagnostic et à un traitement sans amélioration des résultats cliniques. L'objectif de notre étude était d'évaluer la prévalence de la thrombophilie héréditaire et acquise dans une grande cohorte de femmes ayant des antécédents de RM précoce en utilisant des critères de diagnostic et des paramètres d'inclusion internationalement reconnus et de la comparer aux résultats de la méta-analyse de la littérature existante.

    Conception Étude de cohorte rétrospective et revue systématique de la littérature.

    Contexte 

    Il s'agit d'une étude de cohorte rétrospective mise en place dans deux centres tertiaires dédiés aux femmes atteintes de MR dans le sud-ouest de Londres et le Surrey. Nous avons passé en revue toute la littérature disponible relative aux causes des MR. Nous avons déterminé la prévalence de la thrombophilie dans la population étudiée et l'avons comparée à la prévalence historique et publiée dans la population générale.

    Participants 1155 femmes entre 2012 et 2017. Toutes les patientes ont eu au moins trois fausses couches au cours du premier trimestre et un dépistage complet de la thrombophilie.

    Résultats 

    La prévalence globale de la thrombophilie dans notre population d'étude est de 9,2 % (106/1155) avec 8,1 % (94/1155) de cas positifs pour la thrombophilie héréditaire, ce qui est similaire à la population générale ; Le facteur V Leiden (4,9 % ; 57/1155) et la mutation du gène de la prothrombine (2,9 % ; 34/1155) étaient les thrombophilies héréditaires les plus courantes, tandis que seulement 1 % (12/1155) étaient positifs pour la thrombophilie acquise. Un anticoagulant lupique (AL) positif persistant a été trouvé chez 0,5 % (6/1155) et des anticorps anticardiolipine (ACL) positifs persistants avec une valeur ≥ 40 U/mL ont été trouvés chez 0,5 % (6/1155) des patients. Les tests de LA/ACL ont été effectués à au moins 12 semaines d'intervalle, répondant ainsi aux critères révisés de Sapporo pour un diagnostic de syndrome des antiphospholipides.

    Conclusion 

    Les résultats de notre étude démontrent que la prévalence de la thrombophilie héréditaire est similaire chez les femmes atteintes de MR à celle de la population générale. De même, la prévalence de la thrombophilie acquise, selon les critères révisés de Sapporo, dans la cohorte des MR est similaire à celle de la population générale. Par conséquent, nous ne recommandons pas l'investigation ou le traitement de la thrombophilie héréditaire ou acquise chez les femmes atteintes de MR.

    Forces et limites de cette étude

    • L'examen d'une large cohorte de grossesses avec trois fausses couches récurrentes (RM) ou plus dans des cliniques spécialisées dédiées ; investigation précise et systématique des causes étiologiques de la RM précoce, y compris la thrombophilie héréditaire et acquise.

    • Utilisation d'une méthode standardisée d'analyse des résultats ; en utilisant la même plage de référence pour atténuer les erreurs introduites en raison de la variation des rapports de laboratoire, comme le respect des critères de diagnostic des critères révisés de Sapporo.

    • Revue systématique de la littérature à l'aide de critères standard et d'analyses statistiques.

    • La nature rétrospective de l'étude et le manque de données contemporaines sur les grossesses témoins ; cependant, ce dernier ne fait pas partie de la pratique clinique courante.

    • Les études incluses dans cette revue ont été limitées aux femmes ayant subi au moins trois fausses couches au cours du premier trimestre et à celles qui comptaient au moins 100 femmes dans le groupe fausse couche.

    Commentaire

    Un résumé de communictaion orale à l'ASH en Décembre et un article du BMJ en phase totalement ou presque. La communication à venir sur ALIFE2, est très importante. Elle démondre que d'une part une HBPM préventive n'a pas entraîné de taux de naissances vivantes plus élevés chez les femmes qui ont eu deux ou plusieurs pertes de grossesse et une thrombophilie héréditaire confirmée. L'articler du BMJ est contradictoire .Les résultats de ncette étude démontrent que la prévalence de la thrombophilie héréditaire est similaire chez les femmes atteintes de MR à celle de la population générale. De même, la prévalence de la thrombophilie acquise, selon les critères révisés de Sapporo, dans la cohorte des fausses couches (FC)  est similaire à celle de la population générale. Par conséquent, nous ne recommandons pas l'investigation ou le traitement de la thrombophilie héréditaire ou acquise chez les femmes atteintes de FC. C'est là que le bas blesse. Le SAPL (thrombophilie acquise) est une affection potentiellement grave avec des complications thrombotiques artérielles et ou veineuses et des complications obstetricales

    Si les HBPM n'ont pas donné de résultats en cas de FC et de thrombophilies constitutionnelle, en cas de SAPL c'est une autre histoire et pour l'instant la prévention reste "obilgatoire" HBPM + ASPIRINE. Dasn l'article du BMJ, 0.5% de la population présentait un SAPL donc pas de conclusions hâtives ce n'est pas raisonnable.

    Rappelons les critères diagnostiques de SAPL (Y DARGAUD, REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES • N° 520 • MARS 2020) 

     

    dargaudsapl

     

     

     Deuxième rappel 

    En prévention des complications obstétricales, un traitement anti-plaquettaire et anticoagulant par HBPM est préconisé

    Troisième rappel 
     
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    A lire ou relire
    https://medvasc.info/1833-de-l-impermanence-su-sapl
    https://medvasc.info/836-recommandations-sapl,-thrombose-et-anticoagulants
    https://medvasc.info/1543-mtev-grossesse
    https://medvasc.info/1855-highlow-study-isth-2022

    A consulter
    https://www.gemmat-thrombose.fr/
    https://www.gemmat-thrombose.fr/situations-a-risque-necessitant-une-prophylaxie-anti-thrombotique/
    https://www.gemmat-thrombose.fr/rcp/


    SYNTHESE

    1/ Ne pas rechercher systématiquement une thrombophilie constitutionnelle en cas de grossese et FC : OUI  (mais  au cas par cas, RCP)


    2/ Ne pas faire de prévention systématique par HBPM en cas de grossesse et thrombophilie constititionnelle et FC : oui et non (RCP)  plutôt au cas par cas et aussi en fonction des souhaits des patientes et de leurs atcds de MTEV personnels et ou familiaux (degré 1)


    3/ Ne pas faire de recherche de SAPL en cas de FC au premier trimestre : NON il faut le faire ++++ ainsi qu'une prévention en cas de positivité ++++ (cf recommandations sus citées)